XX

 

C’est simple, lui avait dit Crane. Notre camp devient de plus en plus fort ; le leur de plus en plus faible.

Peut-être en allait-il ainsi de son point de vue. Il s’était introduit dans les rangs de l’élite locale – enfin, de la semi-élite, la sous-élite – tel un suppositoire doré. Il habitait Washington depuis quelques mois à peine que déjà il remplissait auprès du sénateur Klassen d’obscures fonctions ; récemment installé dans son appartement personnel (les dieux fussent loués de ce petit bienfait), habitué du salon des Sanders-Moss, il avait à présent le droit de traiter Elias Vale de haut en public.

Alors que pour ce dernier les invitations se raréfiaient, ainsi que les clients, par ailleurs de moins en moins fortunés, Eugene Randall lui-même ne le consultait plus que rarement.

Certes, le conservateur avait été assigné à comparaître par un comité du Congrès enquêtant sur la disparition de l’expédition Finch. Des obligations d’une telle portée faisaient peut-être passer au second rang jusqu’à une épouse décédée. Les morts, du reste, étaient bien connus pour leur patience.

Vale n’en avait pas moins commencé à se demander si les dieux ne prenaient pas des paris.

Il se changeait les idées de son mieux. Une de ses nouvelles clientes, une avorteuse vieillissante du Maryland, lui avait donné une fiole d’ambre pleine de morphine et une seringue hypodermique. Elle lui avait appris à chercher une veine puis à la faire saillir pour la piquer avec l’aiguille en argent repoussé, ce qui rappelait au spirite, d’une manière abstraite, les abeilles et leur venin. Oh, aiguillon de l’oubli. Un art qu’il pratiquait depuis assidûment.

Ses instruments – rangés dans un charmant étui d’argent de la taille d’une boîte à cigarettes – se trouvaient dans sa poche, à son arrivée chez les Sanders-Moss. Il n’avait nulle intention de les utiliser, mais l’après-midi s’était mal passé. Le temps était trop humide pour l’hiver, trop froid pour le printemps. Eleanor avait accueilli Vale avec une certaine gêne – sans doute ne pouvait-on tirer d’une robe de baptême perdue qu’un kilométrage limité. Ensuite, le repas terminé, un jeune membre du Congrès en état d’ivresse avait commencé à le harceler au sujet de son travail.

« Vous avez des tuyaux sur la Bourse, Mr. Vale ? Vous parlez aux morts, qui ont sans doute des choses intéressantes à en dire. Mais je doute qu’ils investissent beaucoup, hein ?

— Dans notre district, ils n’ont même pas le droit de vote.

— J’ai touché un point sensible, Mr. Vale ?

— Professeur Vale.

— Professeur de quoi, au juste ? »

D’immortalité, avait songé le spirite. Ce qui n’est pas ton cas, espèce de tas de viande pourrie.

« Figurez-vous que je me suis renseigné sur votre passé, Mr. Vale, poursuivait l’importun. J’ai fait ma petite enquête, surtout quand Eleanor m’a appris combien elle vous payait pour lui lire les lignes de la main.

— Je ne lis pas les lignes de la main.

— Non, mais je suis prêt à parier qu’il en va différemment de vos livres de comptes.

— Vous m’insultez. »

Il avait souri, joyeux.

« Vraiment ? Qui vous l’a dit, Mr. Vale. John Wilkes Booth ? »

Eleanor elle-même s’était mise à rire.

 

« Ce ne sont pas les toilettes des invités ! » Olivia frappait à la porte avec irritation. « Elles sont réservées aux domestiques ! »

Sans lui prêter la moindre attention, Vale se laissa tomber sur la cuvette, devant l’étui ouvert posé à ses pieds. Par la fenêtre au verre granité, qu’il venait d’entrouvrir, une pluie glaciale pénétrait dans la petite pièce carrelée de vert. La chaîne de la chasse d’eau heurtait régulièrement le mur blanc humide.

Vale avait retiré sa veste, roulé sa manche de chemise. Il comprima avec force le creux de son bras jusqu’à ce qu’une veine s’y dessinât clairement. Qu’ils aillent tous se faire foutre, songea-t-il, très collet monté.

La première injection, facile, lui procura un grand calme qui l’enveloppa telle une couverture d’enfant.

Le réduit lui apparut soudain flou, comme emballé dans du papier cristal.

Je suis immortel.

Le spirite se souvenait de Crane s’enfonçant le couteau dans le dos de la main. Le jeune homme pratiquait l’automutilation avec un plaisir pervers. Il aimait se percer de couteaux, se couper de lames diverses, se piquer d’aiguilles.

Ma foi, je m’y connais en aiguilles, moi aussi. Pour Vale, le whiskey du Kentucky lui-même pâlissait devant la morphine. La drogue donnait un oubli plus certain, plus total, en quelque sorte.

Il lui en fallait davantage.

« Mr. Vale ! C’est vous ?

— Allez-vous-en, Olivia, merci. »

Il tendit derechef la main vers la seringue. Après tout, je suis immortel. Je ne peux pas mourir. Les implications de ce simple fait le mettaient depuis peu mal à l’aise.

Cette fois, son épiderme résista. Il poussa plus fort, avec l’impression de sonder du cheddar. Enfin, persuadé d’avoir trouvé une veine, il appuya sur le piston ; la peau commença à se décolorer en une grosse meurtrissure liquide.

« Merde.

— Sortez, ou je vais le dire à Mrs. Sanders-Moss, et elle va faire enfoncer la porte !

— Juste un instant, Olivia. Soyez gentille, allez-vous-en.

— Ce ne sont pas les toilettes des invités ! Et vous êtes là-dedans depuis une heure ! »

Vraiment ? Dans ce cas, c’était parce qu’elle l’empêchait de se concentrer, voilà tout. Il rechargea la seringue.

Mais à présent, le creux de son coude se montrait totalement imperméable à l’aiguille.

En avait-il émoussé la pointe ? Elle paraissait pourtant toujours aussi dangereusement aiguë.

Il poussa plus fort.

Tressaillit. Ça faisait mal, très mal. La peau fragile se creusait, s’enfonçait, rougissait. Mais ne cédait pas.

Il essaya au poignet. Avec le même résultat. Il lui semblait tenter de couper du cuir à la cuiller. Baissant son pantalon, il testa l’intérieur de sa cuisse.

Rien.

Enfin, saisi d’un désespoir rageur, il abattit avec brutalité l’aiguille suintante sur sa gorge, là où il pensait trouver une artère.

La pointe se brisa. Le contenu de la seringue se mit à couler, inutile, dans le cou du spirite.

« Merde ! » répéta-t-il, si frustré que les larmes lui montèrent aux yeux.

La porte s’ouvrit violemment. Olivia apparut, bouche bée, escortée du jeune membre du Congrès prétentieux, d’Eleanor, les yeux écarquillés, et même de Timothy Crane, fronçant les sourcils avec zèle.

« Oh ! fit Olivia. Çà alors !

— Se piquer dans les toilettes des Nègres ? Quel faute de goût, Elias, c’est le moins qu’on puisse dire.

— La ferme », riposta Vale d’un ton las.

L’effet de la morphine, pour peu qu’elle en eût exercé, s’était évanoui. Son corps lui semblait d’une sécheresse poussiéreuse, son esprit d’une atroce lucidité. Il avait laissé Crane l’entraîner jusqu’à sa voiture, après qu’Eleanor lui eut clairement dit qu’il n’était plus le bienvenu chez elle et que, s’il essayait d’y reparaître, elle appellerait la police. Le tout en des termes encore moins diplomatiques.

« Ce sont de bons patrons, déclara Crane.

— Qui ça ?

— Les dieux. Ils n’attachent aucune importance aux passe-temps de leurs employés en dehors du service. Morphine, cocaïne, femmes, sodomie, meurtre, jacquet – c’est tout un. Mais on ne peut pas se droguer quand ils ont besoin d’attention, et encore moins s’injecter une dose mortelle, si telle était votre intention. Vous avez été stupide d’essayer, Elias. Si je puis me permettre. » La voiture négocia un virage. Le lugubre après-midi se transformait en une lugubre soirée. « Nous avons du travail, à présent.

— Où allons-nous ? »

Non que Vale s’intéressât particulièrement à leur destination, malgré la présence répugnante de son dieu qu’il sentait ramper dans ses veines, raidir son dos.

« Rendre visite à Eugene Randall.

— Personne ne me l’a demandé.

— Moi, je vous le demande. »

Il parcourut d’un regard morne l’intérieur de la Ford flambant neuve.

« Qu’est-ce que c’est que ce sac ?

— Jetez-y un œil. »

Il s’agissait d’une sacoche de médecin en cuir, qui ne contenait que trois choses : un scalpel, une bouteille d’alcool et une boîte d’allumettes.

De l’alcool et des allumettes – afin de stériliser le scalpel ? Le scalpel afin de…

« Oh, non, lâcha Vale.

— Ne soyez pas bégueule, Elias.

— Randall n’est pas assez important pour mériter… ce à quoi vous pensez.

— Ce n’est pas ce à quoi je pense. Les décisions ne nous appartiennent pas, vous le savez.

— Ça ne vous ennuie pas ? s’enquit-il, fixant le jeune homme badin.

— Non. Ce qui n’a aucune importance.

— Ce n’est pas la première fois, hein ?

— Il s’agit d’un renseignement confidentiel, Elias. Je suis navré que vous soyez choqué, mais pour qui croyez-vous travailler ? Pour le dieu du catéchisme, le fameux berger des Évangiles ? Ce serait plutôt le loup.

— Vous allez tuer Randall ?

— Certes.

— Mais pourquoi ?

— Ce n’est pas à moi d’en parler, si ? Le problème vient sans doute de ce qu’il compte dire au comité Chandler. Il n’a qu’une chose à faire, je sais que sa défunte Louisa chérie le lui a déjà expliqué : laisser ces messieurs continuer leur travail. Cinq soi-disant témoins assureront avoir vu des hommes parlant anglais tirer au mortier et au fusil d’ordonnance Lee-Enfield sur le Weston. Si Randall se contentait d’acquiescer en souriant, il s’épargnerait, ainsi qu’à la Smithsonian, pas mal d’ennuis. Seulement il persiste à vouloir compliquer les choses…

— Il pense que Finch et compagnie sont peut-être encore en vie.

— C’est bien là le problème.

— D’accord, mais… au bout du compte, quelle importance ? Si les dieux cherchent la guerre, l’intervention de Randall ne les gênera pas beaucoup. Les journaux n’en parleront sans doute même pas.

— Alors qu’ils parleront de son assassinat. Et si nous sommes prudents, ils en accuseront les espions britanniques. »

Vale ferma les yeux. Les roues tournaient à l’intérieur d’autres roues, ad infinitum. Un atroce instant durant, il eut désespérément envie de sa seringue.

Puis une détermination lugubre, qui ne lui appartenait pas vraiment, naquit en lui.

« Ce sera long ?

— Du tout », assura Crane, apaisant.

 

Peut-être à cause des effets de la morphine qui s’attardait dans son sang, Vale sentait la présence de son dieu à ses côtés tandis qu’il s’avançait dans le corridor désert, en direction du bureau de Randall. Le conservateur travaillait tard, seul. Sans doute, là encore, par la grâce des dieux.

Celui du spirite était inhabituellement tangible. Vale le voyait, sur sa gauche, ou s’imaginait le voir, marcher près de lui. La divinité n’avait rien de plaisant ni d’éthéré. Elle évoquait un bouvillon de bonne taille, en beaucoup plus grotesque – et détestablement matériel.

Son corps comportait trop de bras et de jambes ; son horrible gueule, aussi aiguë qu’un bec, s’ouvrait sur un intérieur pourpre humide. Une crête de bosses semblables à des tumeurs reliait son ventre à son cou en une sorte d’épine « dorsale ». Sa couleur, un vert minéral dénué de vie, était écœurante. Crane, quant à lui, ne voyait rien.

Ne sentait rien. Alors que l’odeur aussi était tangible, du moins pour le spirite. Une puanteur chimique astringente évoquant une tannerie, ou un flacon brisé dans un cabinet médical.

L’irruption des deux hommes dans son bureau surprit Randall. (Mais il eût été infiniment plus surpris s’il avait distingué le dieu hideux, ce qui de toute évidence n’était pas le cas.) Il leva les yeux d’un air las. Depuis que Walcott avait quitté l’institution, Randall remplissait les épuisantes fonctions de directeur. Sans parler de sa comparution devant le comité ou du harcèlement post-mortem de son épouse.

« Elias ! s’étonna-t-il. Et Timothy Crane, je présume ? Nous nous sommes vus un jour chez Eleanor. »

Il n’y aurait pas de discussion. Il n’était plus temps. Crane gagna la fenêtre, derrière le conservateur, et ouvrit sa sacoche. Il en tira le scalpel. La lame brillait dans la lumière aqueuse. Randall fixait toujours le spirite.

« Qu’y a-t-il, Elias ? Franchement, je n’ai pas le temps de… »

De quoi ? se demanda Vale, tandis que Crane, avançant d’un pas vif, plantait le scalpel dans la gorge du vieillard. Ce dernier lâcha un gargouillis et commença à se tortiller, mais le sang qui lui emplissait la bouche l’empêchait de faire trop de bruit.

Son agresseur rangea l’instrument ensanglanté dans le sac, dont il extirpa la bouteille brune.

« Je croyais que vous alliez stériliser le scalpel », avoua Vale.

Une idée idiote.

« Ne soyez pas stupide. »

Crane aspergea d’alcool la tête et les épaules de sa victime, avant de verser sur le bureau le reste de la fiole. Le conservateur tomba de son fauteuil et se mit à ramper en se tenant la gorge, mais le sang giclait entre ses doigts.

Ensuite vinrent les allumettes.

 

Lorsque Crane émergea de la pièce en feu, sa main gauche brûlait. Le jeune homme, fasciné, la tourna et la retourna devant ses yeux tandis que les flammes bleutées, privées de combustible, s’éteignaient lentement. Sa chair était intacte, de même que sa manchette.

« Exaltant », commenta-t-il.

Elias Vale, soudain écœuré, chercha du regard son compagnon divin, mais le dieu avait disparu. Il ne restait de lui que la fumée, le feu et la puanteur de la viande brûlée.

Darwinia
titlepage.xhtml
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_051.html
Wilson,Robert Charles-Darwinia(1998).French.ebook.AlexandriZ_split_052.html